Traversée Cap Vert - Brésil

Après notre mini transat de 8 jours pour le Cap Vert, nous voilà partis pour la vraie, la grande transatlantique, direction le Brésil.

La vraie vie commence.

L'inconnu de se retrouver seuls au milieu de l'océan, sans météo, sans information, il pourrait bien y avoir une guerre mondiale que l'on serait même pas au courant.

Nous allons dépendre des éléments de la nature, eau, feu, air, terre.

On peut mettre 15 jours comme 30, tout dépendra une nouvelle fois des conditions de vent et de mer.

Nous sommes partis le 28 mars 2017 à 10 h en ayant choisi une bonne météo et c'est ainsi que :

La vie coule sur l'océan,

L'espace temps n'existe plus 

Le rythme de la nature a repris

Lever et coucher du soleil et de la lune

nous émerveille chaque jour

Anuanua nous transporte à travers l'univers

La mer et la houle sont douces

Le vent effleure délicatement les voiles

Le soleil nous réchauffe à 30 degrés

Quand à la lune notre merveilleuse veilleuse

Tous les soirs, nous éclaire.

Chacun vit à son rythme en fonction des quarts qui sont de 3 heures.

A 4 équipiers, c'est relativement cool, et c'est encore mieux si on peut mettre le régulateur d'allure. Mais, hélas, ce n'est pas souvent car nous avons surtout du vent arrière et le régulateur n'est pas assez réactif.

Nous avons donc décidé d'acheter prochainement un petit pilote automatique et certainement aussi un dessalinisateur (Marie, tu avais bien raison).

Pourquoi le dessalinisateur ?

Car, à un moment, nous avons eu peur de manquer d'eau et aussi parce qu'il est parfois difficile de faire les pleins.

Heureusement, la nature nous a offert des grains, c'est le terme employé en mer pour dire de violents orages avec beaucoup de pluie et de vent. Du coup, nous avons toujours pu naviguer avec des réservoirs pleins.

Grain de pluie

Magie de la brume

J'apercois une étoile

Quand la lune

Eclaire mon horizon

Notre traversée peut durer 2 mois, on ne manquera pas d'eau ni de nourriture.

D'ailleurs, que mange-t-on en mer pendant une grande traversée?

Eh bien, comme sur terre !

Nous avons des légumes et des fruits frais pour dix à quinze jours. 

Notre base de repas change chaque jour avec au choix, lentilles, pois chiches, riz, soja, haricots secs, quinoa.

Nous goûtons des saveurs différentes car chacun cuisine à son tour, sauf le dimanche où tout le monde s'y met car il y a 7 jours dans la semaine et nous ne sommes que 6.

Et pendant ce temps, Anuanua nous emmène tranquillement vers le Brésil.

Le 7 Avril, au bout de 11 jours, nous avons eu notre premier grain.

Ce fut une grande joie pour tout l'équipage car nous avons pu nous laver, faire nos lessives et remplir nos réservoirs.

Nous en avons également déduit que nous rentrions dans le fameux pot au noir, endroit mythique où il n'y a généralement que très peu de vent agrémenté de grains parfois violents....

Mais Anuanua avance à son rythme parfois à 5 nœuds, parfois beaucoup moins...

D'ailleurs, nous avons du mettre les moteurs pendant 20 heures pour dire d'attraper du vent

Sinon, nous utilisons beaucoup notre gennaker et notre grand-voile.

Nous avons aussi envoyé le spi qui est une grande voile que l'on utilise quand il y a peu de vent.

Mais, il y en avait tellement peu qu'il pendait lamentablement à l'avant du bateau et il a fini par se déchirer sur une ferrure d'étrave !

C'était pas trop grave alors on l'a réparé.

Mais la réparation ne devait pas être de qualité professionnelle car après quelques heures de bons et loyaux services, il s'est déchiré une deuxième fois !

On l'a réparé à nouveau mais ne l'avons pas remis au travail car, depuis un moment, il y a vraiment très peu de vent et nous ne voulons pas qu'il se déchire une fois de plus sur la ferrure d'étrave.

En plus, l'océan est parsemé d'une multitude d'îles composées d'algues flottantes qui freinent le bateau. 

On sait maintenant qu'à cette allure, il nous faudra au moins 20 jours, peut être arrivera-t-on le dimanche de Pâques, le 16 Avril.

Nos journées sont très chaudes avec 31 degrés et nos nuits très humides avec 99 pour cent d'humidité. On s'adapte et chacun s'occupe avec de la lecture, les jeux, la musique, la méditation, la contemplation, la cuisine, la pêche et surtout le farniente....

Parlons de la pêche, on s'attendait à prendre plus de poissons, nous avons pris une quinzaine de calamars, une baliste et 2 espèces de piranhas ce qui n'est pas très fructueux comme pêche au bout de 16 jours mais on s'est tout de même bien régalé et c'est toujours mieux que rien !

Nous avons vu également un banc carrément de dauphins, des poissons volants, des globicéphales(chercher sur internet à quoi ça ressemble), et chaque jour un oiseau également vient nous saluer et aussi un très beau papillon est venu une fois.

A nouveau un grand jour, le 11 Avril à midi, nous sommes passés de l'hémisphère Nord à l'hémisphère Sud, en gros nous avons franchi l'Equateur.

Pour ce passage, il y a une vieille tradition qui consiste à s'asseoir et se faire baptiser à coup de seau d'eau et de tourner autour de son siège pendant 5 tours, l'occasion de faire une partie de rigolade, de baignade et de boire un verre.

Et la vie ainsi s'écoule chaque jour....

Mais ce jour, le 11/04/2017, restera gravé à vie dans nos mémoires ; tout comme le 11/04/1970, jour où la fusée Appolo 13 a été envoyée.

Nous avons également procédé à deux décalages horaires en 15 jours pour être en phase à notre arrivée au Brésil où il y a 4 heures de différence avec la France, ni vu ni connu.

Et bien, on a quand même oublié un truc : l'heure d'été en France mais pas au Brésil, donc ce ne sera pas 4 mais 5 heures de décalage qu'il faudra compter !

Le 14 avril, après 18 jours de mer, 3 oiseaux sont venus passer la nuit à notre bord.

Après avoir essuyé un nouveau grain, le vent tourne et l'on se retrouve au près dans une mer courte et hachée.

On vient de sortir du pot-au-noir...

Du coup, tout devient beaucoup moins confortable, surtout qu'un de nos équipiers refuse d'essayer de négocier les vagues quand il barre ; sous prétexte qu'un bateau doit se faire secouer dans tous les sens quand la mer est un peu forte.

Nous découvrons avec tristesse un aspect caché du caractère d'un ami...

Mais heureusement, ces mauvaises conditions de navigation ne durent que 4 jours, et le 17 Avril, nous voyons enfin la terre.

A 19 h 00, le lundi de Pâques 2017, nous jetons l'ancre au nord de l'île de Restinga en face de Cabedelo.

Mais il fait déjà nuit et nous devrons attendre le lendemain pour découvrir nos premiers paysages du Brésil...

Enfin, pleins de cocotiers !

Aussi coloré que le nôtre !